Traditionnellement cantonnées aux postes de quartier, les patrouilles à vélo font aujourd’hui partie du paysage urbain.
À l’origine, les policiers cyclistes sillonnant les quartiers servaientsurtout aux interventions rapides, comme le désordre public, le vol à la tire et autres petits méfaits.
Sans compter qu’interpeller des revendeurs de drogue dans les parcs, par exemple, serait beaucoup plus efficace ainsi : « On porte moins attention à une patrouille en vélo, plus discrète qu’une voiture », explique Nathalie Valois, policière à Montréal depuis 17 ans.
C’est sa 4 e année comme membre de la brigade urbaine du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Celle qui enfourche sa bécane pour sillonner les artères du centre-ville est une passionnée de vélo de montagne. Le printemps dernier, elle se rendait justement dans les canyons de Moab, en Utah, réputés offrir les meilleurs circuits de vélo de montagne au monde. ( http://www.discovermoab.com/moab_canyon.htm )
Selon l’agente Valois, la patrouille à vélo a d’autres atouts : « C’est plus facile de voir les conducteurs qui parlent au téléphone ou qui ne portent pas leur ceinture de sécurité. »
Cohabitation
Ses quatre années à observer la difficile cohabitation entre cyclistes, piétons et automobilistes font d’elle un témoin idéal pour donner son avis sur la guerre de tranchées que se livre tout ce beau monde.
« La cohabitation entre les cyclistes et les piétons devient de plus en plus difficile », constate l’agente Valois. Les cyclistes « dont une majorité respectent très bien les règlements », n’ont cependant pas que des amis parmi les piétons.
« C’est systématique, les piétons se plaignent qu’un vélo les a frôlé en traversant la rue en tentant de se faufiler au travers des piétons qui traversent une intersection. » C’est que les cyclistes semblent avoir l’habitude de tourner à droite au feu rouge, ce qui est interdit.
Rouler sur les trottoirs est également source de beaucoup de frustration. « Je comprends que parfois les rues ne sont pas sécuritaires », sympathise la spécialiste du vélo de montage.
Le code de la route est pourtant formel : il faut circuler à l’extrême droite de la chaussée. « Sauf s’il y a un obstacle qu’il faut absolument éviter, bien sûr. »
Les excuses du type « j’habite là », ou « je vais dans ce magasin » sont légions pour justifier qu’on roule sur le trottoir. Selon l’agente Valoir, beaucoup font aussi leurs ‘’lumières à l’américaine’’, par analogie avec l’habitude de plusieurs automobilistes de ne pas s’immobiliser complètement aux panneaux d’arrêt.
Danger
Autre problème de taille, celui des portières qui s’ouvrent soudainement devant un cycliste . « Rien que cette année, on a eu trois cas et la saison vient tout juste de commencer. Les automobilistes ne regardent pas… »
Les angles morts dans lesquels les vélos se retrouvent souvent par la force des choses sont source de danger : pris en souricière entre le trottoir et la voiture qui vire à droite, un cycliste peut rapidement devenir victime.
« Plusieurs automobilistes pensent qu’ils iront assez vite pour doubler le cycliste et prendre le virage à droite », et risquent ainsi de provoquer une situation dangereuse pour le cycliste.
Une des sources de ce problème : nombre d’automobilistes tombent des nues « lorsqu’on leur explique que les cyclistes n’ont pas à respecter les feux piétonniers », poursuit Nathalie Valois. Quand la main est orange, les cyclistes ont le droit de poursuivre leur route. Et la voiture doit céder le passage avant de tourner.
Quelques accros sont également causés par une méconnaissance des règles applicables.
« Les cyclistes sont toujours surpris d’apprendre qu’ils ne peuvent pas changer de direction à un carrefour pour profiter d’un feu vert. » Ils n’ont cependant pas l’obligation de rouler sur les pistes cyclables.
Ils sont en fait soumis pratiquement aux mêmes règles que les automobilistes.
Une situation avec laquelle tant les cyclistes que les automobilistes doivent composer un peu plus chaque jour.
CRÉDITS PHOTO
Photos : Gracieuseté SPVM