Que mangeaient les coureurs cyclistes dans le temps de nos aïeux pour se mettre du pep dans l’soulier?On s’en doute, le coureur cycliste qui montait les cols pendant les Tours de France des années 1930-40 n’avait pas de gels à portée de main.
Or, si on trouve facilement de quoi se documenter quand il est question du Tour de France et des compétitions cyclistes qui ont jalonné l’histoire, découvrir de quoi se nourrissaient les vélocipédistes d’antan est aussi ardu que monter une pente à 45 degrés en fixie.
Mais on trouve ici et là quelques miettes tout de même substantielles, souvent même franchement cocasses vu le savoir de l’époque. Pour bien performer, il fallait bien manger, et quand on dit bien, on veut dire beaucoup de protéines. La consommation quotidienne d’un coureur cycliste est quand même estimée à 6000 calories!
On sait aujourd’hui que Louis Cyr se gavait d’un peu de tout et n’importe comment pour arriver à donner des performances à la hauteur des attentes du public, mais il n’était pas le seul à faire ainsi. Maurice Garin, roulant au tout premier Tour de France, en 1903, mange à la première étape 2 poulets, 4 steaks, une omelette de 10 œufs et 12 bananes, sans oublier un bon Bordeaux (pas juste un verre, mais bien la bouteille!) pour bien faire descendre le tout. A-t-il gagné? On sera surpris d’apprendre que oui.
On apprend également qu’un baron français s’étant improvisé spécialiste de la question a rédigé un livre sur l’alimentation du cycliste. Au début du 20 e siècle, alors que la popularité des courses cyclistes prenait son envol sur les pavés d’Europe, le baron de Civrac recommandait entre autres d’éviter de boire du lait, car les cahots des chemins pouvaient transformer le lait dans l’estomac en beurre.
Qu’à cela ne tienne! En termes de bon boire, les cyclistes étaient servis. Vin rouge, bien entendu, mais aussi champagne, alcool de menthe et vin Mariani. Du nom de son inventeur corse, un pharmacien, ce vin était préparé à base de cocaïne. On pourrait presque crier au dopage! (D'ailleurs, pour la petite histoire, lorsque le vin Mariani fut introduit aux États-Unis, le docteur Pemberton le mélangea à de la noix de cola et à du soda, et boum! Le Coca-Cola était né!)
Dans un article de L’auto de 1932 intitulé « La composition de la musette d’un cycliste » (« musette »! c’est adorable!), on raconte dans un style savoureux comment un cycliste choisit son ravitaillement :
Avant le départ de toute grande compétition cycliste de la route, le directeur sportif d’une équipe réunit ses coureurs et demande à chacun de quoi il veut que sa musette soit garnie.
Le coureur désignera sans grande conviction : poulet, sandwiches au jambon et aux confitures, bananes, tartelettes, chocolat, pruneaux, etc.
Il désignera ces aliments avec une certaine indifférence, car il n’attache pas à l’un plutôt qu’à l’autre une grande importance.
Mais sur quoi il se montrera intransigeant, c’est sur les dix morceaux de sucre, qu’il tient essentiellement à voir figurer dans sa musette.
Il sait parfaitement, le coureur, que les autres aliments passeront plus ou moins bien dans son estomac, suivant sa fatigue, mais que le sucre, lui, s’assimilera facilement et lui donnera les forces nécessaires pour mener sa tâche à bonne fin. Pour un champion, le sucre est aussi nécessaire à son corps que l’air qu’il respire.
Une science qui s’améliore
Pour soutenir l’effort intense déployé pendant les distances considérables que représentent les championnats cyclistes, la science de la nutrition sportive a connu d’heureux progrès au fil des ans. Aujourd’hui,
un coureur cycliste
digne de ce nom évite l’alcool (ça déshydrate, et puis c’est illégal de toute façon) et privilégie hydrates de carbones et protéines : pâtes, jambon, volaille, des fruits et des desserts légers pour obtenir des sucres à assimilation rapide.
Pour déjeuner, il préfèrera manger un repas riche en glucides, comme une omelette avec du riz. Question de ne pas tout restituer en roulant, il mangera au minimum trois heures avant la course.
Pendant ladite course, la musette est toujours là, mais son contenu diffère : boissons sucrées, barres de céréales, gels alimentaires, pâtes de fruits… Bref, on peut dire que les 10 carrés de sucre sont toujours là également!
Sources
http://jeanpaulbrouchon-cyclisme.typepad.fr/info_courses/les-petites-histoires-du-tour/
http://www.linternaute.com/sport/cyclisme/que-mangent-les-coureurs-du-tour-de-france.shtml
Photo: http://cyclingart.blogspot.ca/2013/11/friday-file-headbands-vs-cycling-caps.html
http://flixmix.tumblr.com/post/57531801733/cyclivist-french-cyclist-robert-jacquinot-in-a