Que ce soit pour gagner du temps, faire des économies ou protéger l’environnement, le vélo roule désormais sur les platebandes des quatre-roues. État des lieux à Montréal.

En 2008, des « extraterrestres » sont atterris à Montréal et ils ont proposé un service de déménagement à vélo. Aujourd’hui, Déménagement Myette emploie jusqu’à 16 déménageurs au plus fort de la saison et vient d’acquérir un camion 100 % électrique.

S’ils passent désormais quasiment inaperçus dans le décor, c’est parce que les cyclologisticiens se sont multipliés depuis quelque temps, profitant d’un contexte socio-économique propice à leur essor.

Avec la pandémie de la COVID-19, l’importance de soutenir l’achat local s’est accentuée, ce qui a encouragé les entrepreneurs ayant recours au vélo. Et pour cause : le circuit logistique comporte son lot d’absurdités. « Un commerce rosemontois, qui livre à un client de son arrondissement avec Postes Canada, voit son colis faire 25 km inutiles, via l’entrepôt de Saint-Laurent, alors qu’il pourrait être livré à vélo pour moins cher, plus rapidement et plus écologiquement », illustre Vincent Dussault, conseiller stratégique en transport de la Coop Carbone.

Selon les calculs de Transportation Research Procedia, le dernier kilomètre représente de 30 % à 60 % des coûts de livraison. Et l’utilisation de vélos cargos, qui peuvent transporter plus de 200 kg de colis, permet de réduire les coûts opérationnels de 12 % à 14 %.

Pas étonnant que de petites entreprises locales de transport à vélo viennent concurrencer les grandes entreprises de livraison de ce monde sur certains trajets. « Avec les progrès des batteries et les difficultés de circulation, le vélo électrique est désormais le mode de transport le plus rapide sur les courtes et moyennes distances », souligne M. Dussault.

La roue libre 

L’entreprise La roue libre participe avec Courant Plus et Livraison Vélo Montréal à des projets de livraison locale pour de petits commerces montréalais.

Photo : Coop de vélologistique La roue libre

Cyclologistique inc.

Sur le site de l’îlot Voyageur, reconverti en plateforme logistique de livraison de colis, les triporteurs électriques du géant Purolator côtoient les vélos cargos de petits entrepreneurs montréalais. Et l’expansion est au menu.

« De nouveaux joueurs veulent utiliser cette plateforme de transbordement pour y apporter leurs colis en camionnette, avant de les faire livrer à vélo chez leurs clients », explique Mickael Brard, conseiller en mobilité urbaine de Jalon. D’après les données collectées par l’organisme à but non lucratif, un deux-roues peut faire 15 % plus d’arrêts par heure puisqu’il est plus agile dans la congestion du centre-ville et qu’il peut s’arrêter quasiment partout.

À plus petite échelle, M. Brard recommande d’ailleurs de créer dans les quartiers des mini centres de transbordement, où transiteraient des colis, ce qui optimiserait les tournées de livraison à vélo.

Durant le confinement imposé pendant la pandémie de la COVID-19, l’organisme Jalon, accompagné de partenaires, a développé un système de livraison locale à vélo pour les commerces forcés de fermer, mais qui pouvaient vendre leur marchandise en ligne. 

À la lumière de cette expérience, Mickael Brard indique que si le nombre de commerçants engagés dans cette aventure est suffisant pour optimiser les routes des livreurs, il est possible d’atteindre un coût de livraison inférieur à 9 $, ce qui est plus compétitif que le prix de la livraison classique. En plus, ce système de livraison à vélo est plus écologique et il permet d’éviter l’uberisation de la profession de coursier à vélo.

 

Locomotion

Les remorques de LocoMotion permettent d’aller faire ses courses à l’épicerie à vélo, ce qui convainc les propriétaires hésitant à libérer leur voiture la fin de semaine. 

Photo : Laurent Lewis

Des initiatives non commerciales

L’écosystème montréalais comprend aussi des initiatives non commerciales comme LocoMotion, un système de partage de voitures et de vélos entre voisins piloté par l’organisme Solon.

Après deux ans d’expérimentation dans deux secteurs de la Petite-Patrie, le concept s’est étendu à trois zones d’Ahuntsic-Cartierville. Actuellement, 261 participants s’échangent 29 véhicules, dont 12 voitures et 13 remorques. Trois vélos électriques et trois vélos cargos s’ajouteront bientôt sur la nouvelle plateforme de réservation. « En plus de favoriser la mobilité, on vise l’appropriation citoyenne, la création de liens sociaux et la transition écologique », confie Milan Guérin, chargé de projet chez Solon.

Dans ces communautés soudées autour du vélo, on peut alors assister à l’émergence de cuisines collectives, de systèmes d’échange d’outils et même de chantiers participatifs grâce auxquels les ruelles sont nettoyées et des abris à vélos sont créés.

Le vélo comme vecteur de transmission d’une solidarité entre voisins, il fallait y penser !

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